La paranoïa est un trouble psychologique qui touche plus de personnes que nous ne pouvons l’imaginer. Elle affecte aussi bien l’individu concerné que son entourage et le plus souvent, la famille et les proches ne réagissent pas de la bonne manière.
Quel est donc le secret pour faire face aux crises de paranoïa ? On vous parle ici d’un traitement moderne qui consiste à se mettre dans la peau du malade.
Une approche iconoclaste
Dans un spot publicitaire sur la sensibilisation de la schizophrénie, intitulé « Une autre réalité », un homme est en proie à une crise. Il est persuadé que le serveur drague sa compagne et que ces derniers vont se mettre à s’embrasser sous ses yeux.
Face à ce genre de situation, le premier réflexe serait de ramener la personne à la raison en la contredisant. Une telle réaction s’avère le plus souvent inefficace du fait qu’elle rend la personne encore plus paranoïaque.
Au lieu de réagir ainsi et de perdre la confiance du sujet, la conception qui tire son origine de l’école de Palo Alto propose une meilleure solution : « entrer dans le délire » de la personne en proie à un moment de folie.
Les Psycho praticiens du modèle Palo Alto
Les thérapeutes formés à l’idéologie de l’école de Palo Alto sont réputés pour leur thérapie « brève et stratégique », notamment celle conçue pour lutter contre les harcèlements scolaires.
Toutefois, leur domaine d’intervention est assez large pour prendre en compte la demande de médecins, pédiatres ou psychiatres et d’autres spécialistes évoluant dans toute structure hospitalière.
Il s’agit d’adopter une vision non normative ou un regard pathologiste sur la situation que vivent les patients. Ainsi, on constate que tous les symptômes psychiatriques qui peuvent se manifester sont considérés comme temporaires et liés à un contexte donné.
Cette conception s’avère être très utile dans le cas où elle peut aider certaines personnes à prendre volontairement un traitement médical ou à éviter une rechute à la sortie de l’hôpital.
Le cas de Madhi
Madhi est un interné de 43 ans. Il est persuadé qu’on lui a inséré des caméras et des micros dans le corps durant son opération de la vésicule biliaire.
Les mesures traditionnelles prises par le service psychiatrique (raisonner avec le patient, le contredire, lui donner des médicaments, …) n’ont fait qu’aggraver son cas. Il menace maintenant de s’enlever les caméras à l’aide de couteaux et de fourchettes si les médecins ne l’opèrent pas immédiatement.
C’est l’approche thérapeutique de l’école de Palo Alto qui a su venir à bout des délires de Madhi. La méthode consistait à penser comme lui. Au lieu d’essayer de le convaincre que tout était dans sa tête, on considérait son état comme réel.
Les médecins commençaient donc à lui suggérer des moyens pour se débarrasser des caméras. Par exemple, des potions à base de plantes et d’huiles essentielles qui brouilleraient les appareils sans avoir à opérer.
Après quelques jours, convaincu qu’il n’était plus sous surveillance, la santé du patient s’est considérablement améliorée. Il est sorti de l’hôpital et sa vie a repris comme si rien ne s’était jamais passé.
Le « virage à 180 degrés »
Une personne paranoïaque est sujette à des peurs extrêmes. Nier son état de paranoïa ne fera qu’augmenter ses angoisses. Dans le cas de Madhi, adopter le virage à 180 degrés a pu soulager ses angoisses et mettre fin à sa paranoïa.
Le virage à 180 degrés est une méthode de l’école de Palo Alto qui vise à résoudre le problème de l’individu en acceptant son existence même si celui-ci n’est qu’imaginaire.
C’est seulement en entrant dans le délire du patient qu’on pourra entièrement le guérir et ce, en construisant une histoire avec laquelle tout le monde peut vivre.
L’entourage et la thérapie
Pour que la thérapie soit complète, le médecin doit expliquer aux proches du malade ce qui lui est arrivé. L’explication doit rester vraie et logique, sans être trop effrayante pour que la famille ne se comporte pas de manière différente envers le patient et ainsi risquer de nuire au bon déroulement du traitement.
Si nous prenons l’exemple de Madhi, son entourage n’a pas besoin de connaitre tous les détails sur sa santé mentale. Son traitement ne regarde que son thérapeute et lui-même.
La famille se contentera de savoir que son histoire de caméra était le résultat d’un stress énorme provoqué par l’irrégularité de ses papiers, et que l’opération chirurgicale qu’il a subie a confirmé son état.
En procédant de cette manière, le patient est traité et les proches sont libérés d’inquiétudes inutiles. Les deux parties sont donc gagnantes.
Pour conclure, le modèle de Palo Alto, bien qu’il soit reconnu pour son efficacité, n’est pas encore exploité à son potentiel maximum dans le domaine psychiatrique alors qu’il ne demande qu’à être mis à profit pour le bien des patients atteints de paranoïa, mais aussi pour une meilleure réponse propre à satisfaire les familles.
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