Corps de femmes en souffrance

Le passage de l’enfance à l’adolescence est une période difficile et angoissante, les jeunes filles sont très fragiles. Certaines payent même le prix fort, faute de mots, c’est le corps qui exprime leurs souffrances par des troubles de l’alimentation.

L’anorexie (ne plus vouloir se nourrir) et la boulimie (rendre immédiatement ce qui a été absorbé, peuvent être pratiquées alternativement), ont en commun que les jeunes filles ne veulent pas grossir, c’est l’expression d’un mal être. Nous pouvons essayer de cerner les causes de ces symptômes. Dans tous les cas il y a un manque de confiance en soi et de la culpabilité.

L’adolescence :

« Le désir de minceur peut prendre la signification d’une volonté de retrouver un corps d’enfant et de se libérer des contraintes de l’adolescence… Maigrir devient une conduite d’évitement visant à soustraire l’adolescente à une situation angoissante d’échec d’adaptation. » Certaines adolescentes ont peur de ce corps qui se transforme, cela correspond aussi à une perte de repères de leur personnalité, ce qui peut aboutir à ces deux  variantes de  dépression. Pour compenser ses sentiments d’infériorité, l’anorexique croit s’affirmer en niant et en dominant ses sensations de faim. Cette résistance lui donne une illusion de fierté, de supériorité et de puissance. «… elle se sent légère et pure » Une reprise de poids serait intolérable et l’exposerait à «un sentiment de vide et de chaos. » Elle a trop peur que quelques kilos puissent la rendre difforme, voire trop féminine ! Pour la boulimique, trop sensible aux émotions négatives, elle compense cette perception de malaise, cet état de manque, par un excès de nourriture, (quelle va rendre), et va accentuer son sentiment de honte, de dégoût et de rejet du corps. Dans les deux cas la culpabilité est présente.

Problèmes familiaux :

Heureusement, aucune famille n’est parfaite ! Outre que c’est une période d’opposition, les enfants et les adolescents peuvent subir des influences, sans que personne ne soit coupable, Exemple : J’ai eu une personne en surpoids qui a pris conscience qu’elle mangeait pour deux,  quand elle a découvert que c’était sans doute à cause d’un bébé né avant elle, et décédé et qui portait le même prénom.. Dans d’autres circonstances, la jeune fille en opposition,  peut ressentir un manque de tendresse, ou bien, se sentir sous la pression d’une éducation trop rigide et craint de ne pas être à la hauteur, ou au contraire manquer d’un cadre à cause d’une éducation trop laxiste ou surprotégée. « L’émergence de la sexualité…annonce la séparation future…de la famille. » Cela peut engendrer une certaine culpabilité par peur de décevoir les parents.  Il peut exister aussi une impression d’abandon qui remonterait à la petite enfance.

Problèmes scolaires :

Bien souvent ces jeunes anorexiques sont des élèves brillantes, voire douées au-dessus de la moyenne, j’en ai rencontré plusieurs, j’ai constaté qu’elles souffraient, sans le savoir, de leur supériorité  intellectuelle et se sentaient rejetées par leur environnement à causes de leurs bonnes notes. De plus la rapidité de leur fonctionnement contribuait à leur ennui pendant les cours. Par surcroît, ces jeunes filles sont perfectionnistes, voire obsessionnelles, ce qui accentue un sentiment de dévalorisation et de culpabilité, ignorant pourquoi elles sont différentes. Après la connaissance et l’acceptation de cette différence, elles reprennent confiance en elles et le symptôme disparaît.

La société et les médias :

Mais la famille et l’école ne sont pas les seules responsables. L’apparence physique, la minceur est une image dominante, elle s’affiche sur les panneaux, les écrans et même sur internet. Ces images amplifient les fantasmes et les désirs. « L’exploitation du corps féminin par la publicité le réduit à un objet de consommation : les femmes identifiées à leur corps en sont alors dépossédées…l’adolescente…elle perd la sécurité narcissique d’un corps d’enfant…son corps maintenant sexué, livré au jugement collectif…et peut vivre alors son corps comme étranger. » En s’imposant des privations extraordinaires elle croit se réapproprier son corps  en abolissant sa féminité. Sous la pression médiatique cet idéal de minceur devient un moyen d’affirmation de soi.

Non respect du corps :

Hélas, il existe d’autres causes encore plus dramatiques qui sont la cause du rejet de ce corps. En cas de sévices sexuels, pendant l’enfance ou l’adolescence, la honte et la culpabilité de la jeune fille accentuent la dévalorisation et la négation de sa féminité. Très souvent c’est aussi l’obésité qui l’emporte.

Les conséquences biologiques :

Elles sont graves, si le symptôme perdure, les troubles cardio-vasculaires et des perturbations du système nerveux  s’installent. Il semblerait même qu’après guérison « les anciennes anorexiques ont des difficultés à retrouver des ovulations normales et la procréation naturelle se révèlera peut-être difficile. »  De plus, « l’absence de règles signale des taux d’œstrogène insuffisants …la densité osseuse peut en souffrir définitivement… la personne aura un risque d’ostéoporose au moment de la ménopause. »

Une autre conséquence chez l’adolescente : L’hyper activité, chez l’anorexique, « s’installe du fait de la restriction volontaire. Elle est une réponse physiologique au jeûne imposé. Le cerveau envoie un message archaïque de mobilisation pour que le sujet aille chercher à manger. Cela est du à une sécrétion élevée de cortisol, secrétée par les glandes surrénales. »

Ce qui explique que l’adolescente s’invente sans cesse des exercices physiques excessifs sous prétexte de se maintenir en forme, pour combattre l’anxiété et la dépression, mais surtout pour perdre du poids.

Comment soigner ces jeunes ?  Le pédopsychiatre, Marcel Rufo, avec l’aide des « pièces jaunes, » a fondé la « maison de Solenn ». Les soins sont tout à fait adaptés pour les adolescents. En premier lieu les enfants ne sont pas séparés de leur famille et elles ont aussi le droit de s’exprimer. C’est un hôpital ouvert où  il y a possibilité de pratiquer de nombreuses activités culturelles en plus de la psychothérapie : groupes de paroles, chants, cuisine… et  relaxation. Tous les espoirs sont donc permis !

Moi j’ai de très bons résultats avec l’hypnose, cette méthode permet de neutraliser les causes de ces souffrances et de reprogrammer un comportement plus équilibré qui conduit inévitablement vers le mieux être et la joie de vivre.

Bibliographie : « L’anorexie et le boulimie de l’adolescente.
Henri Chabrol, collection : Que sais-je ?

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