L’hypnose est de plus en plus utilisée par les psychiatres pour apaiser et venir à bout des maux des patients. Hugo*, 27 ans, a choisi ce moyen pour lutter contre son agoraphobie. Il raconte son hypnothérapie. (Excellent témoignage Par Laetitia Reboulleau – Marie-Claire)
“L’agoraphobie m’est tombée dessus sans que je m’y attende. Et sans l’hypnothérapie, je ne sais pas si je pourrais aujourd’hui sortir de chez moi”. Hugo* avait 21 ans la première fois qu’il a poussé les portes du cabinet d’une psychiatre. A cause d’un problème de santé, il fait régulièrement des malaises. D’un naturel timide, il n’aime pas déranger les gens. Résultat, à force de s’évanouir en public, il n’ose plus sortir de chez lui. C’est le début d’une spirale infernale : il se renferme sur lui-même, refuse de voir qui que se soit, et sombre petit à petit dans la dépression.
Pour lui, l’agoraphobie relève du cercle vicieux. Étudiant en sciences-politiques, il ne supporte plus d’aller en cours. Mais comme il vit chez ses parents, il doit trouver des stratagèmes :
“De peur de faire un malaise devant quelqu’un, je n’osais plus sortir. Et surtout, je n’osais pas parler de mon problème. Pas même à ma famille ! Je faisais semblant de partir à l’école le matin, et dès que l’appartement était vide, je retournais dans ma chambre.”
A cause de ses absences répétées, son école finit par le renvoyer. C’est finalement grâce à un camarade de classe qu’il a le déclic. “Mon ami Mathieu s’inquiétait de ne plus me voir. Il a fini par aller voir mes parents et leur a tout balancé. C’est lui, le premier, qui a mis les mots sur mon problème : l’agoraphobie”.
La thérapie, premiers pas vers la guérison
Passée leur première inquiétude, les parents d’Hugo ont rapidement réagi en l’emmenant voir une sophrologue et une psychiatre. “Le premier objectif était de lutter contre le stress, et vraiment comprendre d’où venait le problème. Mais ça n’a pas été facile. Entre ma timidité et mon agoraphobie, je passais mes premières séances prostré, incapable de desserrer les dents”.
Pour faciliter les choses, la thérapeute lui propose alors de tenter l’hypnose. “Pour moi, c’était un truc de charlatan. Je m’attendais à la voir sortir un pendule, et à murmurer “Tes paupières sont lourdes“. Des clichés quoi. Persuadé que ça ne fonctionnerait jamais, j’ai décidé d’accepter, pour qu’elle me laisse tranquille”.
Or, comme l’affirme Antoine Bioy, Docteur en psychologie et Expert scientifique pour l’Institut Français d’Hypnose (IFH) :
“contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes qui ne croient pas en l’hypnose peuvent être les plus réceptives.”
L’hypnothérapie, un traitement efficace
Contrairement aux inquiétudes d’Hugo, pas de pendule ni de petites phrases clichées. “Ma psy m’a demandé de me focaliser sur sa voix pour m’aider à me détendre. Elle me parlait, doucement. Elle m’a expliqué plus tard que cet état s’appelait la transe hypnotique, et qu’elle me rendait plus ouvert aux suggestions“. Le résultat ? “Je me suis très vite senti apaisé, je respirai plus facilement”.
Bien sûr, le résultat n’a pas été là en un claquement de doigts. Mais au bout de quelques séances, le jeune homme réussi petit à petit à s’ouvrir, et à parler de son problème à sa psychiatre.
Une fois qu’elle a compris d’où venait mon problème, nous avons beaucoup travaillé sur la gestion du stress, des émotions. A travers les séances d’hypnose, j’ai appris à modifier mes réactions en cas de crise d’agoraphobie.
Comme toute thérapie, l’hypnose ne règle pas les problèmes immédiatement, il faut y aller par étape. C’est pourquoi chaque semaine, Hugo se lance un nouveau défi. Aller faire les courses, à la pharmacie, à la boulangerie… Des gestes qui nous paraissent anodins, mais qui étaient devenus impossibles pour lui. “Sans l’hypnose, je ne sais pas si j’aurai trouvé le courage de faire ces premiers pas. Chacun représentait une victoire pour moi. Et chaque victoire, même la plus petite, est bonne à prendre pour aller de l’avant.”
L’auto-hypnose, pour poursuivre le chemin en solo
Comme nous l’explique Antoine Bioy, Expert scientifique pour l’IFH, “L’auto-hypnose représente un excellent complément des séances d’hypnothérapie“. Les thérapeutes ont alors un rôle de guide : “Le praticien pourra vous donner des clés pour pratiquer de vous-même l’auto-hypnose”.
C’est précisément la démarche vers laquelle Hugo et sa psychiatre se sont tournés :
“En m’enseignant l’auto-hypnose, ma thérapeute souhaitait que je sois capable de retrouver mon calme et de gérer mon stress plus facilement en public. Notamment dans les transports, qui représentent ma bête noire.”
Grâce à cette technique, l’étudiant est désormais plus maître de ses émotions. Il a pu reprendre ses études, et retrouve petit à petit une vie normale. “Aujourd’hui, je me contente d’une séance de thérapie de temps en temps, pour être sûr de ne pas perdre pied. Les gens ont souvent peur de se lancer, mais ils ne devraient pas. Cela représente une aide précieuse pour retrouver confiance en soi“.
* Le prénom a été changé.
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