Le 7 avril 2025, la Journée mondiale de la santé met l’accent sur un enjeu essentiel pour notre avenir collectif : la santé des mères et des nourrissons. Sous l’impulsion de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette journée donne le coup d’envoi d’une campagne internationale de sensibilisation intitulée : « Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir ». Cette initiative rappelle que la santé maternelle et néonatale constitue le socle fondamental de sociétés prospères, équitables et durables. Pourtant, en 2025, les chiffres demeurent alarmants et témoignent d’un défi mondial qui exige une mobilisation urgente et coordonnée.
La mortalité maternelle et néonatale en 2025 : une urgence persistante
Les dernières données de l’OMS dévoilent une réalité encore trop tragique. Chaque année, près de 300 000 femmes perdent la vie en raison de complications survenues pendant la grossesse ou lors de l’accouchement. Parallèlement, plus de 2 millions de nouveau-nés meurent avant leur premier mois, tandis qu’environ 2 millions d’autres enfants naissent sans vie. Cela représente près d’un décès évitable toutes les sept secondes, un chiffre insoutenable dans un monde doté de moyens médicaux avancés.
Ces chiffres, extraits du rapport mondial “Trends in Maternal Mortality” publié en 2023 par l’OMS, l’UNICEF et la Banque mondiale, soulignent que la grande majorité de ces décès surviennent dans des pays à faibles revenus, mais aucune région du monde n’est totalement épargnée. La santé maternelle et néonatale est un indicateur clé de la performance d’un système de santé, mais aussi du degré d’inégalités sociales. En dépit des efforts engagés dans de nombreux pays, les taux de mortalité stagnent voire augmentent dans certaines régions, du fait de crises humanitaires, de conflits, ou encore de la fragilité des systèmes de santé locaux.
Des soins de qualité tout au long du parcours maternel : un pilier de prévention
Garantir une santé optimale à la mère et au nourrisson nécessite une approche globale, allant de la préconception jusqu’aux premières semaines de vie de l’enfant. L’accès à des soins prénataux réguliers, l’encadrement par du personnel médical compétent lors de l’accouchement, et un suivi postnatal adapté sont autant de leviers indispensables pour réduire les risques de complications.
La qualité des soins est un facteur déterminant : elle englobe non seulement les compétences cliniques, mais aussi l’empathie, le respect de la dignité des femmes, et une prise en charge intégrée des aspects physiques et mentaux. Trop souvent, les femmes rapportent un manque d’écoute ou des expériences traumatisantes pendant leur accouchement. Cela nuit à leur santé à long terme et compromet la relation précoce avec leur enfant.
De plus, la continuité des soins est cruciale : les ruptures dans le suivi, notamment entre le post-partum immédiat et les premières consultations pédiatriques, peuvent entraîner des retards de diagnostic préjudiciables tant pour la mère que pour le nourrisson. Une approche coordonnée et pluridisciplinaire est donc essentielle.
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L’impact des inégalités sociales et géographiques sur la santé à la naissance
Les disparités d’accès aux soins sont l’une des causes majeures de la mortalité maternelle et néonatale. Dans de nombreuses zones rurales ou périurbaines, l’accès aux services de santé reste limité : absence de personnel qualifié, manque d’équipements, ou encore difficultés de transport pour accéder à une structure hospitalière. Cela entraîne souvent des retards de prise en charge critiques.
Ces inégalités se renforcent par des facteurs socio-économiques : pauvreté, faible niveau d’éducation, discriminations fondées sur le genre. Les femmes les plus vulnérables sont ainsi les plus exposées aux risques de complications graves. L’accès aux soins est aussi conditionné par des normes sociales, des pratiques culturelles, et parfois des interdits religieux qui limitent la liberté des femmes à disposer de leur corps.
Lutter contre ces inégalités suppose une volonté politique forte, des campagnes d’information ciblées, et une décentralisation effective des services de santé vers les zones les plus isolées. La formation des sages-femmes communautaires est un levier puissant pour réduire la fracture territoriale.
La santé mentale des mères, un défi trop souvent oublié
Au-delà des aspects physiques, la santé mentale des femmes enceintes et jeunes mères reste encore sous-prise en compte. La dépression post-partum touche près d’une femme sur sept selon les données de l’OMS, mais peu reçoivent un accompagnement adapté. Le stress, l’anxiété, les troubles du sommeil ou le sentiment d’isolement peuvent altérer le bien-être de la mère et fragiliser la dyade mère-enfant.
Or, le bien-être psychologique de la mère influence directement le développement de l’enfant, en particulier dans la relation d’attachement précoce. Intégrer la santé mentale dans les parcours de soins maternels est donc une priorité absolue. Cela implique d’évaluer systématiquement la santé mentale des mères pendant les consultations, et de leur proposer un accompagnement psychologique spécialisé lorsque nécessaire.
Le renforcement des réseaux de soutien, incluant les associations de parents, les groupes de parole, et les services sociaux de proximité, constitue également une réponse efficace pour rompre l’isolement et favoriser le rétablissement.
Progresser vers un modèle de santé équitable et respectueux des droits
Les systèmes de santé doivent évoluer pour garantir à toutes les femmes des soins de qualité, centrés sur leurs besoins et respectueux de leurs droits. Cela suppose d’assurer la gratuité des soins essentiels, de lutter contre les violences obstétricales, et de former les professionnels à une approche bientraitante. Il est également crucial de favoriser l’accès aux médicaments essentiels et aux dispositifs médicaux de base.
Les politiques publiques ont un rôle clé à jouer. Prolonger la durée des congés maternels, assurer la protection contre les licenciements pendant la grossesse, garantir un accès égalitaire à l’information sur la santé reproductive : autant de leviers qui influencent directement les indicateurs de santé maternelle et néonatale. Créer un environnement de travail inclusif et adapté aux besoins des mères contribue aussi à leur équilibre et à celui de leurs enfants.
La mobilisation internationale pour changer la donne
Face à cette situation, l’OMS appelle les gouvernements, les professionnels de santé et les citoyens à redoubler d’efforts. L’objectif est clair : mettre fin aux décès maternels et néonatals évitables, améliorer durablement la santé des femmes, et soutenir les familles à chaque étape du parcours périnatal. Cette mobilisation ne pourra réussir qu’avec une coopération renforcée entre les états, les ONG, les agences onusiennes et les communautés locales.
Les investissements dans les soins de santé primaires, les formations médicales et l’infrastructure hospitalière sont essentiels. Mais ils doivent s’accompagner d’une réflexion sociétale plus large, autour de la place des femmes et des enfants dans nos politiques publiques. Évaluer l’efficacité des programmes, encourager la recherche sur les innovations en santé maternelle, et favoriser la participation des femmes aux processus de décision sont autant de pistes pour transformer durablement le système.
Construire un avenir en santé commence par les premières heures de vie
Chaque grossesse et chaque naissance devraient être accompagnées avec respect, compétence et bienveillance. En 2025, nous disposons des connaissances, des moyens techniques et des ressources pour faire reculer durablement la mortalité maternelle et néonatale. Il ne s’agit plus de savoir quoi faire, mais de choisir collectivement de le faire. Mettre la santé des femmes et des nourrissons au centre des priorités, c’est agir pour une société plus forte, plus juste et plus humaine.
Le bien-être des femmes et des nourrissons est un préalable indispensable à toute société épanouie. Agir aujourd’hui, c’est préparer des générations en meilleure santé, plus égalitaires et plus résilientes. Les décisions prises aujourd’hui façonneront les conditions de vie des enfants de demain. La journée mondiale de la santé nous rappelle que chaque début de vie compte, et que le choix de protéger ce début appartient à chacun de nous.
